Les Troubles du Comportement Alimentaire
Je vous propose tout d’abord de vous donner des définitions de ces principaux Troubles du Comportement Alimentaire (TCA).
Les troubles les plus connus sont :
L’anorexie mentale qui se caractérise par :
une alimentation insuffisante par rapport aux besoins physiologiques
des perturbations de la perception du corps liées à l'estime de soi (la personne se sent et se
voit toujours trop grosse)
un refus ou une impossibilité de prendre du poids même lorsque le corps est très amaigri
une aménorrhée chez les jeunes filles et les femmes en âge d’avoir leurs règles
une hyperactivité (plus la personne maigrit, plus elle bouge)
une affectivité bloquée (les émotions sont difficilement accessibles et les contacts physiques
sont évités. La personne ne ressent pas de désir et n’a en général pas de vie sexuelle)
un surinvestissement intellectuel (« boulimie » de connaissances)
La personne anorexique ressent une forme d’euphorie à se priver. Elle a l’impression de contrôler. De plus, la privation vient supprimer l’angoisse.
La boulimie est une ingestion rapide d’une grande quantité de nourriture suivie de comportements compensatoires: vomissements provoqués, prises de laxatifs, pratique sportive excessive.
2 phases dans la boulimie :
1 ère phase :
. Notion de secret : la personne se cache pour manger
. Double vie alimentaire : une vie alimentaire conventionnelle en famille et en public traversée de compulsions lorsqu’elle est seule.2 ème phase : la personne n’arrive plus à se cacher, à contrôler ses accès irrépressibles.
La crise de boulimie :
En pré-crise, la personne se sent dans un état de tension qui monte, d’angoisse et d’excitation. Elle va essayer de lutter et de contrôler son envie de manger.
Pendant la crise, la personne ingère de manière gloutonne une grande quantité de nourriture; tout ce qui lui passe sous la main; souvent des aliments très gras, très salés ou très sucrés. Il peut y avoir du plaisir à manger.
Puis la personne se fait vomir.
À la fin de la crise, la personne ressent un sentiment de douleur, parfois de bien-être. Puis, elle ressent de l’angoisse à l’idée de grossir.
Juste après la crise, ce qui prédomine, c’est un fort sentiment de honte et la sensation d’être sale. À ce moment-là, la personne a la ferme intention d’arrêter ses compulsions... jusqu'à la prochaine crise qui viendra à nouveau lui procurer un grand sentiment de culpabilité et d’échec.
L’hyperphagie boulimique se caractérise par :
Une consommation régulière ou permanente de quantités anormalement élevées de nourriture
une absence de faim et aucune sensation de satiété
ici, il n’y a pas de comportements compensatoires comme les vomissements.
La personne mange vite et beaucoup; elle se sent dégoûtée d’elle-même et déprimée après avoir mangé. L’hyperphagie est responsable de problèmes de surpoids et d’obésité.
Il existe d'autres troubles plus rares des comportements alimentaires : l'alimentation hypersélective (par exemple ne manger que des aliments blancs), le pica (ingestion compulsive de substances non nutritives et non comestibles), ou encore le mérycisme (régurgitation volontaire et remastication du bol alimentaire).
Si vous souhaitez approfondir cette présentation succincte sur les TCA, je vous propose d’écouter l’émission « Grand bien vous fasse » animée par Ali Rebeihi sur France Inter et diffusée le 09 septembre 2024.
Anorexie, boulimie, hyperphagie : comment surmonter les troubles du comportement alimentaire ?
Cette émission explique ce que sont les TCA de manière claire, pédagogique et sans jugement. Les intervenants sont des professionnels du soin. Ils abordent cette problématique avec clarté et sans jargon complexe.
Je vous livre quelques extraits que je trouve pertinents.
Tout d’abord, je trouve important de souligner ce que dit la Dre Marie-Christine Boutron- Ruault : « Quelque chose de commun dans tous ces troubles des conduites alimentaires, c’est cette dissociation qui s’aggrave entre le corps et l’esprit... On est un mix indissociable de corps et d’esprit. Et on voit bien que dans cette dissociation s’installe la maladie. Dans l’anorexie il y a une espèce de toute-puissance et de volonté de dominer le corps. Dans la boulimie et dans l’obésité, il y a à la fin une espèce de dégoût de son corps, de refus, de dégradation. »
Ensuite, je trouve que ce qu’exprime le Dr Xavier Pommereau est fondamental pour comprendre les mécanismes en jeu dans lesTCA : « Beaucoup de ces personnes, qu’elles soient boulimiques ou anorexiques, sont en lutte avec leurs émotions. Pour des tas de raisons...Elles sont en lutte
contre leurs émotions et du coup elles se raccrochent aux sensations... Il faut permettre à ces personnes de s’exprimer à travers d’autres médiations comme la musique, comme les groupes de parole, comme les ateliers...pour qu’elles renouent avec leurs émotions et, ce faisant, qu’elles renouent aussi avec le corps et l’esprit. Il y a une disjonction corps et esprit qu’il faut absolument restaurer. »
Enfin, je partage tout à fait ce qu’expose ici la Dre Marie-Christine Boutron-Ruault : « Je voudrais insister sur l’importance de la bienveillance de l’accompagnement parce que très souvent, et notamment sur tout ce qui est obésité, conduite boulimique, il y a une espèce de notion globale que c’est de la faute de l’individu, c’est qu’il a manqué de volonté, que si elle voulait elle pourrait y arriver. C’est totalement faux. C’est totalement contre-productif. »
En conclusion, une personne souffre de Troubles du Comportement Alimentaire lorsque la nourriture prend une place excessive dans son quotidien et que cela engendre une souffrance psychique.